Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Carnets de déroute
29 janvier 2005

de Gueudelon à Clotaire puis à Emebert

Lundi 6 décembre 2004

Chers Emebert et Clotaire,

Voila, j'ai passé une semaine à New York, il y a deux semaines de ça. C'est tellement dense ce que j'ai vu, même s'il ne s'est rien passé d'exceptionnel, si ce n'est une fascination réelle pour cette ville. J'vais raconter ou tenter de restituer un peu. Bon, deux trois trucs avant.

Là, 15 jours après, il pleut, c'est lundi matin dans le Mississippi, comme j'avais pas envie d'aller au boulot je me suis mis malade pendant une journée car merde, j'ai besoin de faire du pyjama, de lire et d'écrire peinard, seul pendant une journée. Une journée de solitude, sans cris de chiards dans les oreilles, une seule. Je m'enfile un excellent jus, j suis en grosses chaussettes roses, j'vais même prendre un bain. Ce week end, on a été à la fête de noël des français de louisiane dans un bled pourrave nommé Martinville, situé sur les rives du bayou boudin. Dans une grande baraque de plantations, une cinquantaine de trouducs enfilaient des vodkas oranges en se dandinant sur de la zique de brun, et nous au milieu de tout ça, deux trouducs peut être, mais si loin de ces mondanités. Car ouai, depuis un moment, 4 mois, on vit seuls, et ça fait pas de mal vus nos compatriotes qui vivent entre français dans les grandes villes à écumer les boites, remarque t as de tout, du bordelais frustré au visage creusé par l'acné jusqu'au plouc puritain de l ohio qui a appris le francais, du black branchouille et bavard aux jean renaud et benoit « trop purs ouai les ricaines trop bonnes mais pas moyen de coucher, trop sympa, nan on s'en fout de la politique, c est plus cool en boite ahahahaha », ça faisait longtemps que j'avais pas vu une telle assemblée de merdeux (vous connaissez ce genre de bestioles, l « expat' ») , alors je me suis bourré la gueule pépère jusqu'à temps qu'une poufiasse vienne me faire chier. S. de la martiniqueuh, qui vivait à Bruxelles, « en ouaihhh, les gens sont hyper sympas, tellement purs (car la mode est au pur et à l'authentique) etc… mon expérience, nanana, les boites…. » et paf, concert de deux horreurs américaines, une guitare et petit papa noël, une grosse qui joue, une maigre faite de porcelaine, qui doit peser 20 kilos nous déverse dans les oreilles des chants puants, puis l'autre demi n. qui reprend sa merde verbale, j'avale ma énième vodka glaçon, comme un brave, je commence à battre du pied, mes jambes s'affolent, M. parle, à l'autre bout de la salle, au monstre acnéïque car personne lui parle car y est trop laid et que ma femme elle doit avoir pitié pi qu'on est là pour être sympa et rencontrer des gens sympas, et pi moi j'ai pas envie de parler du tout en fait, mais alors pas du tout, et  l'autre qui me chie sa vie et bien sur, ça arrive, je lui dis « bon, hé, c'est joli ce que tu dis mais c'est con, y a rien de pur chez les gentils ricains, ils sont naïfs et mièvres mais pas innocents, tu me fais chier là » un truc comme ça, sec, mais bon tout ça bien calme que je lui dis, en lui reluquant une loche. Mais elle en démord pas, qu'est ce que j'ai pas dit là, elle est même pas véxée, moi bourré qui croyait pouvoir l'expédier à la méchante, à la clint eastwood dans un saloon et « explique toi, c'est quoi ton problème dans la vie, faut positiver etc… » j'me lève lui sert la main, elle doit pas comprendre, moi non plus, j ai le cœur qui bat, l'envie de me battre qui me tenaille l'intestin, je repicole et sort fumer les clopes des autres, je tombe sur machin, qui me raconte sa vie et bidule qui raconte la sienne, chui plein, j n'ai marre, je sors de l'autre côté et tombe sur Henry. Américain, parle pas français, se fait chier, il a 45 berges, il est écolo anti bush, on parle 1 heure de politique, arrivent nos femmes, la sienne cajun qui parle le français louisianais, très belle langue qui ressemble un peu au ch'ti, elle travaille dans un parc, rendez vous en janvier. Les premiers américains que j'ai envie de revoir. Car les louisianais, où ils sont noirs pauvres et racistes anti-blancs (dans mon coin, et je suis pas tombé dans la contrée la plus civilisée, c'était espagnol puis anglais, on imagine les dégâts à long terme, surtout ceux de ce protestantisme bigot) ou ils sont blancs, incultes et racistes. J'ai pas encore trouvé de juste milieu, ni dans les bars blancs, ni dans les bars noirs. Pour la culture, c'est pas le pied non plus, je cherche pas les intellos, mais bon, un minimum commun, juste pour pas se mettre sur la gueule… Genre style, l'histoire à l'école, ça ressemble à  une histoire décontextualisée, ritualisée et spectaculaire, avec des pseudo événements : dans un mois, c'est le spectacle de l'histoire des noirs : les élèves vont jouer à Martin Luther King, par exemple. Mais à côté de ça, la prof d'histoire elle sait pas combien il y a d'habitants aux usa, la prof de lecture pense qu'il y en a 1 milliard, ma meilleure élève 2 milliards, et elle pense aussi à 15 ans, que la guerre anti nazi comme i disent c'était en 1990 avec Colin Powell. Et il y aurait des listes longues à faire. Mais ça fait chier, ça ne fait que renforcer mes clichés. Donc je suis pressé de revoir les ricains de la sale fête avec ces sales français qui se prennent tous pour tintin au congo et qui pense sans sourciller qu'ils sont la pour faire éclore la langue française dans leurs écoles, se demandant pas si c'est inutile pour des élèves-catastrophes-sociales-avancées. Y aurait sûrement autre chose à faire, faut inventer, on essaie mais…. Euh…bon, j serai pas prof de français bien longtemps. Pour finir, j'ai repris la voiture alors que j'étais bien rond, j'ai roulé 50 kilomètres, M. dormait, j'ai bouffé un sandwich crado sur le bord de l'autoroute, puis j'ai dégueulé, dormi 20 minutes, je suis reparti pour faire 80 bornes, après un café, puis j'ai garé la voiture à 3hoo du mat dans un sentier dans les bois, on a dormi jusque 6h00, le lieu était cauchemardesque, avec de la mousse espagnole au dessus de la bagnole. Le jour s'est levé sous une pluie battante, la voiture nous a ramenés à l' baraque, on a pris un bain à 2, on s'est foutu en pyjama toute la journée, on a regardé deux chabrol excellents, j'ai écrit un portrait d'un copain suisse, j'suis allé chier de la diarrhée et j'ai pas réussi à me lever ce matin. Là je vais refaire un café...

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité